
LES PLUS BELLES PLONGEES SUR DES EPAVES DANS LA BAIE DE SAINT-MALO
Il est possible de plonger sur de nombreuses épaves dans la baie de Saint-Malo. En effet, cette cité corsaire es t tournée vers la mer et a été le théâtre de nombreuses batailles maritimes à travers les époques. Au 17e siècle, Saint-Malo était le repaire de corsaires au service du Roi de France, attaquant les navires anglais pour dérober leurs précieuses cargaisons. Malgré de nombreuses attaques anglaises, Saint-Malo n’a jamais été prise. Plus tard, au 20e siècle, la Seconde Guerre mondiale a été le théâtre d’affrontements navals au large de Saint-Malo.
C’est en raison de son histoire, de la navigation complexe due à ses nombreux récifs, et du plus grand marnage d’Europe, qu’aujourd’hui, dans les profondeurs de cette baie, gisent de nombreux navires. Toutes les épaves ne sont pas accessibles aux plongeurs loisirs, et certaines d’entre elles ont un intérêt limité en raison de leur état. Cependant, il en existe certaines qui valent la peine d’être explorées. Nous allons vous présenter les plus belles d’entre elles.
Plongée sur la Hilda : Le drame d'un bateau de 1905
Il s’agissait d’un bateau à vapeur de la South Western Compagnie, chargé du transport de passagers transmanche. La Hilda a été construite à Glasgow en 1882, mesurait environ 71 mètres de long pour 8,59 mètres de large. Propulsé par une unique hélice alimentée par une machine à deux cylindres, il pouvait atteindre la vitesse de 13 nœuds. Sa coque en acier le rendait robuste pour affronter les mers agitées. Au cours de sa carrière, les chaudières du Hilda ont été remplacées à trois reprises, et l’électricité a été installée à bord, permettant au navire de naviguer dans toutes les conditions météorologiques. Pendant onze années, il a fièrement assuré le transport de passagers à travers la Manche.

Le naufrage de la Hilda reste gravé dans l’histoire maritime de Saint-Malo comme l’un des plus grands drames en mer. Le 19 novembre 1905, parmi les 131 occupants du navire, seuls 6 ont survécu pour témoigner de cette tragédie.
Le capitaine chevronné de la South Western Compagnie connaissait parfaitement la zone et le navire. Arrivé aux abords de Saint-Malo à la nuit tombée, le temps était glacial, la neige tombait, et la mer était déchaînée. Après des heures d’attente au large de la ville, en apercevant enfin les lumières de Saint-Malo, le capitaine a certainement pris la décision difficile de s’engager sans visibilité dans les passes dangereuses pour entrer au port. Les détails exacts restent inconnus, mais la Hilda, se dirigeant en direction du port, a heurté les têtes de roche appelées les Courtis. À partir de ce moment, la situation s’est rapidement détériorée, la tempête et les eaux glacées engloutissant la Hilda et ses passagers.

Aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose de l’épave de la Hilda. Exposée aux tempêtes pendant plus d’un siècle, cette épave est complètement disloquée. Les éléments subsistants se limitent aux chaudières, à un amas de débris de machineries, et à l’arbre à hélice. L’hélice, quant à elle, a été prélevée dans les années 90 par le club de plongée de Dinard et offerte à la ville pour commémorer ce drame maritime.
La plongée sur le site de l’épave ne présente en elle-même aucune difficulté majeure. Le fond marin se situe entre 25 et 15 mètres de profondeur. Cependant, en raison de la dispersion des débris, il peut parfois être un peu compliqué de se repérer.

Plongée sur Le Fetlar : Un naufrage par un temps ensoleillé de 1919
Le Fetlar, construit à Glasgow en 1898 par la compagnie Barclay & Curle, il a d’abord porté le nom d’Ape avant d’être racheté par Aberdeen. Sa coque en acier était divisée en 6 compartiments étanches, une caractéristique qui le rendait robuste et sûr pour les voyages en mer.
Le bateau Fetlar était alimenté par une machine à vapeur, fonctionnant grâce à une chaudière. Avec une longueur d’environ 55 mètres et une largeur de 8,6 mètres, il était destiné au transport de marchandises, un maillon essentiel dans la chaîne logistique du commerce transmanche de l’époque

Le Fetlar, un navire de Southampton, était chargé de marchandises variées, dont de la farine, des creusets et des chaussures destinées aux côtes françaises.
Ce dimanche ensoleillé offrait des conditions météorologiques idéales pour la navigation, avec une mer calme et un ciel dégagé. Le Fetlar avait dépassé le phare du Jardin et voguait en direction de son port de destination. Cependant, en dépassant le phare, le navire a talonné la tête de roche bien connue appelée le Bunel, une erreur pourtant évitable.
Le commandant espérait atteindre le port en utilisant les pompes d’assèchement à bord pour évacuer l’eau qui s’infiltrait. Cependant, l’entrée d’eau s’est avérée trop importante, obligeant le commandant à prendre la décision d’arrêter la chaudière afin qu’elle n’explose pas en contact avec l’eau et d’ordonner l’évacuation de l’équipage.
Pendant ce temps, le navire Marie Catherine s’est porté au secours du Fetlar. Cependant, par une ironie du destin, le Marie Catherine a talonné les rochers de la Petite Conchée.
Ainsi, en cette belle journée ensoleillée, les Malouins ont été témoins de deux équipages de navires différents arrivant sur des canots de sauvetage.
Aujourd’hui, le Fetlar est sans conteste l’une des épaves les mieux conservées et les plus impressionnantes de la baie de Saint-Malo. Malgré le passage du temps qui laisse ses marques, le Fetlar continue d’attirer les plongeurs de la région et d’ailleurs.
La plongée autour du Fetlar est relativement simple, avec un fond marin à environ 18 mètres à marée basse. Pour accéder à l’épave, il vous suffit de vous mettre à l’eau en utilisant l’une des deux bouées situées à bâbord ou à tribord de l’épave. À partir de là, vous suivez les récifs artificiels posés par la station marine de Dinard pour vous rendre jusqu’à l’épave, ce qui facilite grandement l’orientation sous-marine.
Une fois que vous atteignez l’épave, vous serez impressionné par sa taille imposante. Pour commencer, vous pouvez faire le tour de l’épave par l’extérieur, offrant une vue unique sur l’intérieur de la cale avant à travers la coque. Au fil du temps, les plaques d’acier qui composaient autrefois la coque ont progressivement chuté, offrant aujourd’hui la possibilité d’observer la cale avant depuis l’extérieur.
En poursuivant votre exploration vers la poupe du navire, vous découvrirez l’hélice et le safran, qui sont toujours en place. À partir de ce point, vous pouvez remonter sur le dessus de l’épave et explorer la proue du navire.
Veuillez noter que l’accès aux cales de l’épave est désormais interdit, en particulier à l’avant, car le plancher est en train de s’effondrer. Cependant, il est encore possible d’observer l’intérieur de l’épave en passant par les ouvertures sur le pont sans pénétrer dans les cales. Vous pourriez même tenter de traverser de la cale avant à la cale arrière en passant par la salle des machines, mais soyez conscient que le passage est extrêmement étroit.
Une touche d’histoire réside dans les vestiges de la cargaison du Fetlar : des semelles de chaussures que l’on peut encore retrouver dans les cales, rappelant les marchandises qu’il transportait autrefois. Cette plongée autour du Fetlar offre une expérience inoubliable pour les plongeurs curieux de découvrir le passé immergé de la baie de Saint-Malo.
Plongée sur Le RO 21 : le naufrage d'un cargo en 1943
Sous l’occupation allemande, le RO 21 était un cargo chargé de transporter des matériaux destinés à la construction des bunkers sur les îles anglo-normandes.
Le 20 février 1943, le RO 21, transportant une cargaison de ciment, de poutres d’acier et de carrelage, quitte le port de Saint-Malo en direction de Jersey, accompagné de plusieurs navires d’escorte. Le commandant du RO21 informe le chef de la flottille allemande que son navire ne peut emprunter la route prévue car elle présente des risques de rencontrer des rochers. Cependant, le commandant allemand refuse de changer de cap.
Malheureusement, le RO 21 percute de plein fouet les rochers des Coutils. Heureusement, aucun décès n’est à déplorer, mais l’avant du navire se retrouve échoué sur les rochers, tandis que seule la partie arrière reste immergée.
La plongée sur l’épave du RO21 est une exploration accessible, située à une profondeur d’environ 20 mètres. Cette plongée ne présente pas de grandes difficultés, offrant aux plongeurs une immersion dans l’histoire. Cependant, l’épave a subi des dommages au fil du temps et des tempêtes.
La poupe du navire est la partie la mieux préservée. Lors de votre plongée, vous pourrez observer des bittes d’amarrage, des éléments de balcons et même des sacs de ciment, vestiges de la cargaison. À mesure que vous remontez vers la proue, la flore sous-marine se mêle progressivement à la structure. La frontière entre l’épave et les rochers environnants devient de plus en plus floue.

Plongée sur Le Walter Darré & Le Hinrich Hey - Naufrage en Juillet 1944
L’été 1944 a été marqué par l’isolement complet des îles anglo-normandes par les Alliés, qui ont intercepté tous les convois allemands. Dépourvue de vivres et de matériel, l’armée allemande a pris la décision d’évacuer les prisonniers qui travaillaient à la construction des fortifications.
C’est dans ce contexte que, en juillet 1944, le Minotaure a reçu la mission de rapatrier 500 prisonniers de Jersey vers Saint-Malo. Ce navire était escorté par trois patrouilleurs : le Walter Darré, le Hinrich Hey et le M4622.
Rapidement, ce convoi a été repéré par les Alliés. Ils se sont focalisés sur le navire de tête, pensant à tort qu’il s’agissait d’un gros bateau cargo. Le Walter Darré et le Hinrich Hey ont été rapidement coulés, tandis que le Minotaure est resté à flot, bien qu’il ait été touché par des torpilles. Cela a entraîné de nombreuses pertes et de nombreux blessés parmi les passagers.


Plongée sur l'épave du Walther Darré
Le Walter Darré repose sur un fond sableux à une profondeur d’environ 35 mètres à marée basse. L’épave est couchée sur tribord et sectionnée en deux au niveau de la chaudière. La partie avant de l’épave est bien conservée, et il est possible d’explorer les cales assez facilement. Sur le sable, on peut observer un canon de 88 mm et les ancres sont toujours en place.
La partie arrière de l’épave n’est pas alignée avec la partie avant. On y trouve la chaudière, qui est bien reconnaissable. À mesure que l’on progresse vers la poupe du navire, on découvre des débris plus dispersés

Plongée sur l'épave du Hinrich Hey
Situé juste à côté du Walter Darré, le Hinrich Hey est également sectionné en deux parties. En revanche, les débris à l’arrière de l’épave sont dispersés sur plusieurs centaines de mètres, ce qui rend l’orientation difficile pour ceux qui s’y aventurent.
Dans la partie avant, il est possible d’explorer les cales, et sur le pont, un canon de 88 mm était encore en place (bien qu’il semble être tombé il y a quelques années). La partie arrière n’est pas alignée avec l’avant de l’épave, et on peut y observer l’hélice ainsi qu’une multitude de débris éparpillés

Pongée sur LA PLACE : Le Naufrage au Large du Cap Fréhel en 1950
Le LA PLACE était une frégate météorologique rachetée aux Américains au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Mesurant 92,5 mètres de long pour 3,45 mètres de large, il naviguait depuis la côte finistérienne en direction du port de Saint-Malo. Le capitaine a décidé de passer la nuit du 16 septembre 1950 au mouillage de la Frenaye, proche du Cap Fréhel, à l’abri et par un temps calme.
Cependant, dans la soirée, une explosion a sectionné le navire en deux. En l’espace d’une dizaine de minutes, le navire était sur le point d’être englouti. Sur les 92 hommes à bord, seuls 41 ont survécu. Il semble que le LA PLACE, comme de nombreux autres bateaux avant lui, ait heurté une mine magnétique laissée par les Allemands. La zone où le LA PLACE était mouillé ce soir-là n’était pas encore déminée.
La plongée sur l’épave du LA PLACE, située à environ quinze mètres de profondeur, réserve une particularité fascinante : le navire s’est complètement retourné. En explorant cette épave, vous pourrez observer les hélices et les safrans à la poupe. En remontant le long du navire, une grande brèche le sépare en deux, offrant une perspective unique de cet ancien navire météorologique. Cependant, il est important de noter que les plongées sur le LA PLACE peuvent parfois être interdites en raison de possibles fuites d’hydrocarbures.
Les sources et pour aller plus loin
Nous vous recommandons vivement la lecture du livre « Les Fabuleux Trésors Engloutis de la Baie de Saint-Malo » d’Emmanuel FEIGE. Cet ouvrage captivant retrace l’histoire des naufrages de la cité corsaire depuis le 17ème siècle, offrant un regard fascinant sur ce patrimoine maritime.
De plus, le livre propose une description détaillée des plongées sur les magnifiques épaves de la région. Nous tenons à exprimer notre sincère gratitude envers Emmanuel FEIGE pour avoir partagé ces connaissances précieuses, nous permettant ainsi d’explorer et de mieux apprécier les richesses sous-marines de la Baie de Saint-Malo.